Deux vilains petits canards!
De Jong & Windig
Certains auteurs Disney sont célébrés pour leur aptitude à marcher dans les pas de leurs glorieux aî&nés, d'autres se distinguent par leur singularité. totalement déjantés, De Jong et Windig appartiennent sans l'ombre d'un doute à la seconde catégorie!
Eddie de Jong est né en 1950, René Windig en 1951. Les deux grandirent à Amsterdam, la capitale des Pays-Bas qui imprégna leur imaginaire. Celui-ci fut nourri également par les lectures de Bob & Bobette, du journal Spirou et surtout des histoires de Donald Duck de Carl Barks. Ils se rencontrent au lycée où ils publient leurs premiers fanzines, avec déjà leur personnage Oom Wim, qui parodie les édifiantes histoires de l'Oncle Paul. Les bases de leur humour sont déjà en place, mélange de non-sens, de satire et d'outrances bon enfent. Le tout est parsemé de marins façon Popeye, de vikings à la Hägar Dunör et d'animaux philosophes cousins de Krazy Kat!
Ce coup d'essai leur permet d'intégrer la presse musicale en 1973, puis de créer leur magazine, Gezellig&Leuk. Ils produisent ensuite quelques histoire de Donald Duck, avant de replonger dans l'underground, cré alors le personnage Dick Bosch, pastiche au vitriol des héros d'espionnage.
En 1982, ils prennent la direction du magazine De Balloen, salué par la critique pour son humour absurde et sa capacité à faire le lien entre toutes les différentes écoles de la BD hollandaise. Puis viendra enfin le succès avec le chat Heinz, qui t'attend avec une certaine impatience page 129...
Un bol de culot et une cuillerée de bol: voici la recette qui permit à De Jong et Windig de manipuler Donald durant quelques mois!
En 1974, les deux amis démarchent l'hebdomadaire Pep, sorte d'équivalent hollandais du Journal de Spirou. Ils se rendent dans ses locaux, mais leur contact est absent. Ils vagabondent alors dans l'immeuble et tombent sur leurs lectures d'envance. Car le journal Donald Duck Weekblad se trouve à la même adresse. Ils rencontrent son rédacteur en chef, le vénéré Thom Roep, qui les engage sur le champ. La collaboration va durer sept mois et produira sept histoires courtes. Leur graphisme est très outré pour Disney, et leurs histoire possèdent une forte dose inhabituelle de surréalisme néerlandais. La rédaction repoche vite aux deux compères cette exentricité. Eux-même n'apprécient guère les scénarios trop sages qu-on veut leur imposer. Une dernière histoire sera crayonée, jamais encrée, et finalement publiée dans cet état en 1982, dans le fanzine Stripschrift. Ironie de l'histoire, dix ans plus tard, leur compatriote Mau Heymans aussi venu des fanzines et tout aussie fan de Barks, imposera une ambiance similaire dans ses histoires, sans jamais poser de problème.
Après l'épisode Donald Duck Weekblad, Windig et De Jong n'en ont pourant pas fini avec Donald.
Dès 1979, ils s'attellent ´ d'autres aventures de Donald, mais cette fois parodiques et destinées aux adultes dans le cadre de leur journal Gezellig&Leuk. Si le trait reste relativement fidèle à Carl Barks, la caractérisation des personnages explose tous les fondamentaux. Jurant comme un sapeur, Donald devient un débauché, éclusant tout l'argent économisé par ses pauvres neveux, tandis que Daisy le quitte pour se mettre en couple avec une brute épaisse! L'hommage s'accompagne ici d'une forte dose d'irrévérence, même si Donald reste finalement le loser qu'il a toujours été. Windig et De Jong l'utiliseront encore sur une poignée de posters, peintures et illustrations, rappelant ainsi que leur attachement au personnage est sincère et éternel. Le deux amis restent à jamais deux sales gosses qui ont réalisé leur rêve, puis cassé leur jouet, et enfin rencontré le succès dans un autre bac à sable: l'impertinance n'est donc pas forcément un vilain défaut, qu'on se le dise!!!
Heinz Minet Râle
Longtemps après s'être défoulés sur les canards, De Jong & Windig décident de s'attaquer aux matous...
Dix ans après Donald... En 1984, après bien des créations de personnages hilarants et de participation à des fanzines et comics homoristiques, Windig et De Jong trouvent enfin le personnage qui va les accompagner pendant plus de trante ans: Heinz. Ce chat contrarié et contrariant n'est au départ qu'un matou de circonstance dans une série ayant pour héros un punk bedonnant, Rockin'belly. La égende prétend qu'Heinz serait inspiré par de propre greffier de René Windig, qui aimait se détendre en faisant ses griffes un peu partout dans leur atelier, mais surtout sur les affaires de Eddie de Jong...
La vie rêvée d'un chat par rêveur! Heinz débute en solo en 1986 dans le supplément jeunesse du quotidien hollandais Het Parool. Ses strips rencontrent vite le succès, même chez les adultes. Heinz a tout pour plaire: grincheaux, cynique, désabusé, mais jamais vulgaire, il tombe avec complaisance dans la déprime, mais parvient toujour à se consoler avec ses amis.
Début des années 2000, de Jong et Windig travaillent sur un film d'animation avec Heinz, mais le projet tombe à l'eau... Qu'importe, puisqu'en 2007 Picsou Magazine ouvre enfin ses pages au matou maussade. Encore mieux, Heinz a sa revanche sur grand écran, avec un film réalisé par Piet Kroon sorti aux Pays-Bas en avril 2019.